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Vœux SUD à la psychiatrie pour 2023

Quelle psychiatrie défendons-nous ?
Résister à la destruction en cours et réinventer des pratiques : nous avons des pistes !

Bureaucratisation, protocolisation, soins saucissonnés, cloisonnements, constructions ou réaménagements de bâtiments en inadéquation avec les besoins des patients hospitalisés, sous-effectifs, suppressions de lits, fermetures de service, perte de sens généralisé… Les raisons de se mobiliser pour défendre la psychiatrie et dénoncer les politiques d’austérité qui se poursuivent et leurs conséquences sur les soins ne manquent pas.

Le constat toujours aussi inquiétant

L’hôpital est malade et les symptômes s’accentuent :

·         De nombreux postes sont vacants. Et les personnels partagent leur désarroi, leurs doutes quant à leur désir de rester ou non ;

·         Les collègues infirmières, une fois sur l'extra hospitalier, souhaitent rarement revenir travailler en intra où elles ont le sentiment de manquer de temps et de disponibilité pour soigner ;

·         La course aux appels à projets entraîne la création de nouveaux dispositifs, cela se fait souvent au détriment de l’existant : ainsi, les équipes mobiles se multiplient pour réaliser le travail qui incombe normalement aux équipes de secteur devenues de plus en plus immobiles et empêchées ;

·         Avec le développement des centres experts et d’unités, et sous couvert d’une pseudo-volonté de déstigmatisation, une généralisation du diagnostic/étiquette s’organise, conditionnant des soins de plus en plus standardisés. Et puis quand le premier symptôme est éradiqué, les patient·es cherchent une nouvelle équipe pour le symptôme suivant, multipliant les demandes et les lieux de soin.

Parcours de combattant·e

Tout semble fait pour qu'accéder à des soins, vraiment, devienne un parcours de combattant·e. Un parcours qui ne sera bientôt réservé qu’à celles et ceux qui en ont les moyens ou qui ont suffisamment de ressources pour trouver où s'adresser. Ou qui sont soumis à des obligations de soins.

Que deviennent les autres ? Les plus fragiles psychiquement ou les plus démuni·es socialement ou économiquement ? Celles et ceux pour lesquelles un service de psychiatrie public devrait offrir un accueil inconditionnel et des soins dignes ?

Loin des projets de plus en plus spécialisés, et donc excluants, nous revendiquons une psychiatrie humble, généraliste, dans un véritable esprit de service public. Une psychiatrie qui assume son histoire.

La psychothérapie institutionnelle et le secteur ne sont pas de vieilles reliques.

L’esprit de la psychothérapie institutionnelle, l’esprit du secteur, ont été et demeurent de véritables modèles de soins. Iels ont permis que des patient·es ne meurent pas dans les hôpitaux psychiatriques, que des outils innovants, efficaces, soient créés pour les soignant·es, pour faciliter le travail au quotidien, pour donner du sens aux pratiques, pour permettre de soigner et d’ouvrir les portes de l’hôpital.

Alors que les services hospitaliers tendent à se déshumaniser, ces modèles sont plus que jamais d’actualité. Offrir, maintenir la continuité des soins est nécessaire pour que les personnes accueillies y prennent appui afin de retrouver un peu d'un sentiment de continuité d'existence. Car c'est avant tout de ça dont il s'agit quand on parle de psychoses et de soins psychiques.

Ce qui a du sens, c'est une même équipe qui accompagne une personne, qui l'accueille, prend le temps d'écouter et d'entendre ce qui lui arrive, pense avec elle un projet, au plus près de ses besoins...

Une psychiatrie qui se construit pour et avec les patient·es, en partant de là où ils vivent. Voilà ce qui est à créer. Voilà aussi ce qui redonnera du sens au travail. Nous soutenons que la philosophie du secteur diminue la maltraitance institutionnelle.

Nous refusons le confort d’un « c’était mieux avant », comme le renvoie nos détracteurices pour essayer de nous clouer le bec. Nous défendons une psychiatrie artisanale, locale, exigeante, qui s’invente et se réinvente sans arrêt.

Les moyens pour bien soigner, nous les connaissons :

·         Du personnel en nombre suffisant, pour assurer un accueil digne, une présence suffisamment contenante ;

·         Un véritable financement de l’hôpital public, qui lui permette de renouer avec sa fonction première : soigner ;

·         Le respect de nos outils de travail : réunions cliniques, de synthèses, d’analyse de la pratique… et du temps, indispensable pour être auprès des patients, tisser la relation, vecteur central du soin ;

·         Une formation continue pour soutenir un travail clinique de qualité et penser des soins « sur-mesure » ;

·         De vraies mesures d’alternatives à l’isolement et à la contention, pensées avec et pour les soignant·es et les patient·es.

Voici les vœux de la Fédération

SUD Santé Sociaux pour la psychiatrie en 2023. Des moyens et du respect pour l’engagement quotidien. Le lien et la confiance sont les ciments des soins en psychiatrie. Ils donnent leur sens et leur efficacité aux outils et thérapies de toutes sortes. De tous ces ingrédients, nous vous en souhaitons à la pelle