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Egalité des droits pour Mayotte

Du 24 au 28 février, une délégation de la Fédération SUD Santé Sociaux, constituée du Secrétaire Général et d’une représentante, Aide-Soignante de la Fonction Publique Hospitalière, se sont rendus à Mayotte à l’invitation du Syndicat Départemental. Suite au cyclone Chido qui a dévasté l’île, nos camarades mahorais ont exprimé la demande qu’une délégation se rende sur l’île au plus tôt, afin qu’elle puisse rendre compte et témoigner de la situation locale. Dans le même temps, notre Fédération souhaitait apporter en plus d’un soutien matériel, un soutien moral indispensable.

Cette délégation s’est inscrite dans une démarche plus globale d’une délégation de l’Union Syndicale Solidaires.

Nous tenons à remercier nos camarades pour la chaleur de leur accueil, leur disponibilité, et leur détermination à rester dignes et debout dans les épreuves qu’elles et ils traversent.

Déjà avant le cyclone Chido et la tempête Dikeledi qui l’a suivi, Mayotte faisait face une situation de crise permanente.

Le cyclone Chido s’est avéré être un révélateur de toutes ces carences.

Dès leur arrivée, nos camarades ont été confrontés à une situation générale sur l’île, qui détermine les conditions de vie de tous les habitants : temps de transport multipliés par 2 ou 3, transports en commun inexistants, coupures d’eau, d’électricité, manque et prix élevés des aliments de base (eau en bouteille, produits laitiers, produits frais …)

Les dégâts occasionnés par celui-ci sont encore bien visibles. Deux mois après, la végétation a repris sa vitalité mais laisse encore imaginer la violence du cataclysme, la dévastation et le traumatisme enduré. Abandonné-e-s à leur sort, les mahoraises et mahorais ont fait face avec courage et abnégation. Elles et ils ont permis à l’île de surmonter cette épreuve.

Epuisé-e-s physiquement et psychiquement, alors que les feux de l’actualité s’éteignent, Mayotte craint qu’on ne l’oublie.

Car Mayotte est un département français depuis 2011. Mais à ce jour, Mayotte est un département français de deuxième voir de troisième zone.

Durant leur séjour, plusieurs rencontres avec des travailleuses et travailleurs, des responsables syndicaux, des dirigeants d’administrations ou d’associations ont pu avoir lieu. Chacun a dénoncé les manques structurels des services de santé ou services sociaux, le manque de personnel tant local que métropolitain avec toutefois une surreprésentation des « métro » dans des postes à responsabilité. Le manque de possibilité de formations diplômantes sur l’île au profit des mahoraises et mahorais est criant.

Mayotte est un département français depuis 2011 et pourtant les lois de la République ne s’y appliquent pas (droit du travail, protection de l’enfance, droits sociaux, retraite …), voire sont remises en cause (territorialisation, droit du sol …).

Comment envisager un développement harmonieux de l’île et de ses habitants si ces derniers restent relégués, discriminés ?

Comment envisager une coexistence apaisée entre les populations, si pour les uns et les autres, Mayotte reste une île sans issue ?

Outre des problématiques plus spécifiques à nos secteurs professionnels de la santé, du social, du médicosocial, qui appellent à des évolutions concertées, la première des revendications à porter est que Mayotte et ses habitants aient les mêmes droits que l’ensemble des habitants de France.

Notre fédération aux côtés de toutes les travailleuses et tous les travailleurs de Mayotte portera avec détermination cette première exigence qui reste à ce jour une honte dans la patrie des droits de l’homme … et des femmes.